Un histoire qui se corse
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L’Ingénu qui roula (suite)
UNE HISTOIRE QUI SE CORSE
Situons d’abord les personnages en Août 1943 :
Charles De Gaulle : 52 ans, formé a St Cyr. Prisonnier évadé pendant la 1ère guerre
Colonel devenu General par notoriété à Londres
Opposé au Maréchal Pétain. Autoritaire
Henri Giraud : 64 ans
formé a St Cyr. Brillamment évadé pendant la 2ème guerre General en chef envoyé en Afrique du Nord Accord total avec le Maréchal Pétain. Conciliant
Henri Frenay 38 ans.
formé a St Cyr.Brillament évadé pendant la seconde guerre
capitaine d’active, résistant, mais un temps lié a Vichy Responsable du mouvement prisonnier.
François Mitterrand :27 ans
ex-étudiant en droit. Evadé pendant la 2ème guerre
Sergent-chef. Fonctionnaire depuis 17 mois a Vichy
S’occupe des prisonniers libérés et des étudiants
Les événements de guerre internationaux provoquent de sévères turbulences dans le gouvernement de Vichy. Des places sont à prendre, mais l’avenir s’annonce dangereux.
Le double jeu permet l’échappatoire.
François Mitterrand, jeune homme, n’est pas le mieux rassuré, et cherche a se couvrir des deux côtés. A Vichy, c’est facile : la francisque. De l’autre côté, ce n’est pas facile, quand on ne connaît pas toutes les procédures. Le plus simple comme pour beaucoup est de se forger une légende en n’en parlant qu’à bon escient.
Voilà le résultat !
François Mitterand se rend parait-il à Londres le 16 Novembre 1943 pour réclamer de l’aide a ses « homologues » les Généraux de la France Libre. Il va prendre un avion près d’Angers. Avec des lampes torches, ils forment un T pour marquer le terrain. Ce n’est pas une lettre très pratique pour marquer les bords de la piste. Ils montent a bord, le terrain n’est plus éclairé au sol ! Quel avion ? Monomoteur Lysander où bimoteur Hudson? On n’en retrouve pas trace ! On sait cependant que le pilote français Henri Déricourt (36 ans) était « tamponné » par la Gestapo « munis de jumelles spéciales pour voir la nuit et disposés autour du champ où l’avion allait se poser ». Les maquisards sont absents. Du beau roman.
A Londres il passe un débriefing puis rencontre le Colonel Buckmaster qui lui promet l’envoi de 60 containers d’armes a parachuter chez Roger Pelat a St Laurent du Pont dans l’Isère. L’armée fantôme des prisonniers de guerre français sera bien équipée.
Le 3 Décembre 1943, le Colonel Passy signe son ordre de mission pour rejoindre Alger par avion. Depuis le 9 Novembre, la lutte de prééminence entre grands chefs de la France Libre est réglée. Les Généraux Georges et Giraud ont la maîtrise des armées qui débarqueront le 10 Décembre en Italie avec le Général Juin ; le Général De Gaulle conserve seul la représentation politique de la France .
François Mitterand rencontre parait-il le Général De Gaulle le 5 Décembre.
La brève entrevue se passe mal ! Outre la grande différence de génération et de formation militaire, un mixage politique incluant les communistes n’est guère apprécié., ce que n’accepte pas non plus Henri Frenay, responsable réel des prisonniers dont il deviendra ministre dans le gouvernement provisoire futur. Ces responsables de la guerre ont d’autres chats a fouetter.
François Mitterand est retenu dans son retour vers la France. D’abord a Marrakech chez Joséphine Baker (people !) qui lui trouve fin décembre une place dans l’avion du Général Montgomery. Il y a sans doute une erreur de Général : Montgomery est très occupé a Londres pour préparer le débarquement du 6 Juin 1944, mais le Général Eisenhower quitte Alger pour Londres le 24 Décembre 1943. C’est peut-être meilleur ! Marrakech-Alger, c’est facile pour qui ne connaît pas l’Afrique du Nord ( ?)
A Londres, François Mitterrand piétine encore jusqu’au soir du 24 Février 1944.
Les Anglais lui ont trouvé un embarquement sur une vedette de la Royal Navy a Dartmouth dont le « pacha » est David, le père de Jane Birkin. (people). Quelle chance . Il est au coeur de la préparation du débarquement. Un million cinq cent mille americains avec toute leur logistique sont concentrés sur Plymouth a trente kilomètres de là. Plus proche encore : la Lyme Bay a été vidée de ses habitants le 20 Décembre 1943 pour que ces jeunes soldats s'exercent sur les plages. Les Allemands concentrés sur le Cotentin avec leur aviation, leurs vedettes rapides de Cherbourg et leurs nouveaux radars prêts à faire face n’ont rien vu. Le franchissement des nombreuses Iles Anglo-Normandes lourdement fortifiées non plus. François Mitterand a franchi ces obstacles sans coup ferir.
. Un ancien combattant se targuerait d'avoir participé et observé cette enorme opération guerrière. Dans les mémoires écrites sous contrôle par Pierre Pean, aucune allusion a cette épopée.
C’est ensuite la période des amours et avec son copain Roger Pelat : ils rencontrent les Demoiselles Gouze, filles d’instituteurs farouchement républicains Se fait-on ensemble photographier aux studios Harcourt, l’un des meilleurs de Paris ? Cependant, la conspiration continue activement pour organiser le réseau d’animateurs.
On retrouve François Mitterand le 18 Aout 1944 à Paris attaquant le Commissariat général aux prisonniers, rue Meyerber. C’est son fait d’armes, le premier sans doute, et il chasse Robert Moreau (francisqué) de son bureau. Brillante victoire sur un compère !
Le 24 Août, avec son ami le Colonel Patrice-Roger Pelat , il est intronisé ministre où « Président du Mouvement National des Prisonniers de Guerre et Déportés ».
Les bureaux du nouveau Président sont toujours au même endroit : rue Meyerber.
Le 25 Août à l’Hotel de Ville le Général reçoit les chefs de la résistance intérieure. « Morland » est là, et sauve même le Général, qui dans l’enthousiasme basculait du balcon ( ?).
Le 27 Août au Ministère de la Guerre, il rencontre De Gaulle pour la « troisième fois ». au premier Conseil de la France en partie libérée.
« Encore là !!!!! » s’écrit le Général.
François Mitterand vient d’être adoubé. Avec cet éperon d’or il a le pied a l’étrier d’un beau destrier : la politique.
« Raoul l’Ingénu » a refermé doucement tous les livres qui racontent cette histoire, et ne sont pas toujours bien compris par les générations suivantes. Ayant connu cette époque troublée il porte témoignage, non a la légende mais à l’Histoire.
RAOUL LETHUAIRE